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Pourquoi la construction d’une chaîne d’approvisionnement personnelle est la clé de la productivité

Par Patrick Dubuisson , le mardi, 25 octobre 2022, 18h58 - 5 minutes de lecture
Pourquoi la construction d'une chaîne d'approvisionnement personnelle est la clé de la productivité

Rappelez-vous, au début de la pandémie, lorsque le papier toilette était tellement demandé que les magasins avaient des étagères vides ? Les industries hautement efficaces comme celle du papier toilette sont capables de fournir un produit standardisé à des niveaux de productivité élevés et constants.

En quoi sont-ils moins bons ? L’agilité.

Avec leurs grandes usines, leurs chaînes d’approvisionnement mondiales et leurs processus étroitement définis, elles ne sont pas conçues pour les perturbations et le changement. Les chaînes d’approvisionnement très efficaces ne pouvaient pas pivoter rapidement. La productivité en a pris un coup et la demande accrue est restée sur le carreau. En d’autres termes, les systèmes hautement efficaces peuvent présenter un manque de résilience coûteux.

Les êtres humains ne sont pas si différents. Si nous cherchons à devenir excessivement efficaces au travail, c’est souvent au détriment de notre résilience. Nous compromettons notre capacité à nous adapter et à changer face à de nouveaux facteurs de stress et de perturbation.

J’ai fait l’expérience directe de ce compromis lorsque j’ai commencé à travailler à temps plein pour RecrutementPro tout en terminant mon programme de doctorat. J’étais au maximum de ma productivité. J’avais optimisé presque tous les aspects de ma vie pour y parvenir. Très vite, je me suis heurté à un mur. Je me sentais épuisé, moins capable de me concentrer, et je sentais ma productivité globale diminuer à un moment où elle était la plus importante pour ma réussite. J’avais épuisé toutes mes ressources psychologiques en surinvestissant dans le travail et je tournais à vide.

Nous savons que la pandémie a mis à l’épreuve la résilience des chaînes d’approvisionnement et que beaucoup ont eu du mal à rebondir et à répondre à la demande des consommateurs. Mais qu’en est-il des humains ?

Ce que disent les données

RecrutementPro Labs a cherché à comprendre l’impact de la pandémie de COVID-19 sur la productivité, en suivant 1 185 personnes de la période pré-pandémique à la période suivant la déclaration de la pandémie, le début des fermetures et la mise en place d’autres restrictions. Nous avons également cherché à savoir si le coaching pouvait réduire l’impact des perturbations de la pandémie sur la productivité.

Nous avons comparé les données de deux groupes. Le premier groupe a bénéficié du coaching RecrutementPro avant et pendant le début de la pandémie. Le second groupe n’a pas eu accès au coaching RecrutementPro et n’a pas fait état d’un autre coaching avant ou pendant la pandémie.

Nous avons émis l’hypothèse que nous verrions une forte réduction de la productivité pour les deux groupes par rapport aux niveaux d’avant la pandémie. En effet, les participants non coachés ont connu une baisse substantielle (-20%) de leur productivité. Mais le groupe ayant bénéficié d’un coaching était différent. Nous avons constaté que le groupe coaché, en moyenne, a amélioré (+6%) sa productivité.

Non seulement ceux qui ont bénéficié d’un coaching ont évité une perte de productivité importante, mais les personnes accompagnées d’un coach ont en fait réalisé des gains de productivité malgré les énormes défis posés par une pandémie mondiale.

Si l’on ajoute à ces résultats le fait que les membres qui subissent des changements majeurs au travail se développent davantage que ceux qui ne subissent pas de changement, il est clair qu’avec le bon soutien, les individus peuvent continuer à améliorer leurs performances et à s’épanouir, même dans les circonstances les plus difficiles.

Pourquoi c’est important

Ces résultats suggèrent que même en temps de crise et de changement massif, il est possible de maintenir et même d’améliorer la productivité.

Alors, comment le coaching joue-t-il un rôle ? Le coaching aide les gens à développer des chaînes d’approvisionnement personnelles plus souples et plus résilientes et à éviter de surindexer un facteur – l’optimisation de l’efficacité – au détriment d’autres facteurs importants.

Le coaching peut aider à développer la résilience et d’autres ressources psychologiques pour la forme mentale par des techniques de recadrage, en fournissant un soutien social et en soutenant le développement des forces d’un individu. La résilience peut servir de tampon au stress et au changement, réduisant ainsi l’impact négatif de ces changements sur la productivité. En d’autres termes, la résilience permet de s’assurer que votre « chaîne d’approvisionnement en ressources psychologiques » est robuste face à toute perturbation inattendue.

Le coaching peut également aider à établir des niveaux d’efficacité durables en encourageant la conscience de soi, l’auto-compassion et la prise en charge de soi. Le fait d’adopter un rythme régulier, plutôt que d’optimiser l’efficacité, réduit le risque d’épuisement professionnel et les pertes de productivité qui en découlent. En fait, nous avons constaté que, dans le cadre de notre modèle de la personne entière, l’autocompassion est le deuxième facteur prédictif le plus fort de la productivité.

Construire un système – qu’il s’agisse d’un macro-système comme les chaînes d’approvisionnement ou d’un micro-système comme les stratégies de productivité personnelle – uniquement dans un but d’efficacité peut le rendre rigide et non durable. Au contraire, pour maximiser les performances à long terme, il convient de mettre l’accent sur des résultats efficaces et efficients tout en accordant une attention égale à la résilience et à l’adaptabilité. C’est en investissant dans le développement des bonnes mentalités et des capacités de résilience que l’on différencie ceux qui ont une productivité durable grâce au changement de ceux qui n’en ont pas.

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Patrick Dubuisson

Je suis un professionnel du recrutement, qui partage sa vie entre sa famille, son boulot, et surtout son boulot.  J'ai 42 ans, toutes mes dents, un labrador, un pavillon de banlieue dans les Yvelines, une femme, deux enfants, un break et je passe des vacances au Touquet tous les ans, quand je ne vais pas chasser l'ours au bord du lac Baïkal ou boire de la vodka avec Nicolas. J'aime la course à pied, le squash, le tennis, le mikado, la vodka et la roulette.

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