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Les préjugés cognitifs : Ce qu’il est et comment le surmonter

Par Patrick Dubuisson , le mardi, 25 octobre 2022, 19h03 - 12 minutes de lecture
Les préjugés cognitifs : Ce qu'il est et comment le surmonter

Au fil de notre vie, nous avons tendance à penser que nous prenons des décisions sur la base d’informations objectives et d’événements qui se sont produits.
Nous avons également tendance à imaginer que nos cerveaux fonctionnent comme de minuscules mais puissants superordinateurs. Nous imaginons qu’il assimile les faits et émet des jugements rationnels.
Mais la vérité est un peu plus compliquée que cela.
Alors que nous pensons que nous assimilons objectivement les informations, la vérité est tout autre. Il existe plusieurs biais cognitifs qui peuvent modifier la façon dont nous prenons nos décisions. Ces biais peuvent nous conduire à des jugements inexacts. Ils peuvent également nous amener à nous comporter de manière irrationnelle.
Examinons quelques formes courantes de biais cognitifs et comment nous pouvons les surmonter.

Qu’est-ce qu’un biais cognitif, et comment a-t-il un impact sur notre façon de penser ?

À la base, les biais cognitifs sont la tentative de notre cerveau d’être efficace et de prendre des décisions rapidement. Ils servent de raccourcis mentaux pour que notre cerveau puisse accélérer le traitement des informations. Ils nous aident à donner plus rapidement un sens à ce que nous voyons et à passer à la prise de décision. En ce sens, ils sont considérés comme un « outil adaptatif ».
Ces raccourcis mentaux existent pour rendre notre cerveau plus efficace. Mais au contraire, ils peuvent créer des erreurs systématiques dans notre façon de penser. En effet, ils reposent sur nos perceptions, nos observations et nos expériences et non sur des faits réels.

En réalité, nous voyons le monde à travers nos propres filtres et prenons des décisions en fonction de ceux-ci. Il est important de reconnaître que ces filtres ne sont pas « factuels ». Ils reflètent plutôt nos perceptions et nos expériences particulières.
Ces préjugés peuvent nous amener à éviter les informations que nous n’aimons pas ou que nous ne voulons pas voir. De plus, ils peuvent nous amener à voir des modèles qui n’existent pas.
Bien que la plupart des préjugés cognitifs dont nous faisons l’expérience soient inconscients, nous pouvons prendre des mesures pour les éviter. Avant de chercher à éviter les préjugés cognitifs, nous devons comprendre ces préjugés et savoir où ils sont le plus susceptibles de se manifester.

Quels sont les signes d’un biais cognitif ?

Il existe des signes évidents qui peuvent nous aider à déterminer si un biais cognitif interfère avec nos décisions.
Bien que ces signes soient plus faciles à repérer chez les autres, nous pouvons nous efforcer de les reconnaître chez nous.
Voici quelques signes indiquant que vous pourriez être victime d’un biais cognitif :

  • Vous ne vous intéressez qu’aux médias et aux articles qui confirment vos opinions.
  • Attribuer le succès des autres à la chance. Mais prendre le crédit personnel pour vos propres réalisations
  • Blâmer constamment les autres et les facteurs extérieurs, si les choses ne se passent pas comme vous le voulez.
  • Supposer que vous avez toujours raison
  • Supposer que tout le monde partage les mêmes opinions ou croyances que vous.

Types courants de préjugés cognitifs et exemples

Amos Tversky et Daniel Kahneman ont introduit pour la première fois l’idée de biais cognitif en 1972. Ils ont démontré que les gens faisaient souvent des jugements et prenaient des décisions qui n’étaient pas rationnelles.
Aujourd’hui, des recherches menées dans les domaines de la psychologie sociale et de l’économie comportementale confirment l’existence de dizaines de biais cognitifs. En général, ces exemples de biais cognitifs sont dus à l’ignorance d’informations pertinentes. Ou ils sont dus au fait que l’on accorde de l’importance à une caractéristique de la situation qui n’est pas importante mais qui est saillante.
Examinons certains biais courants qui font l’objet de la plus grande attention de la part des chercheurs et qui ont le plus grand impact sur notre façon de naviguer dans le monde :

  1. Biais de confirmation : ce biais égocentrique fait référence à notre tendance à rechercher des informations qui confirment ce que nous croyons déjà. Et nous ignorons les informations qui infirmeraient nos croyances. Si nous ne prêtons attention qu’aux sources d’information qui confirment nos opinions politiques ou économiques particulières, nous sommes probablement en présence d’un biais de confirmation.
  2. Biais d’ancrage : ce biais fait référence à notre tendance à nous fier trop fortement à la première information que nous recevons. Des informations ultérieures peuvent même contredire ces premiers faits. Un exemple d’ancrage serait de voir une maison qui coûte 1 000 000 € – puis d’en voir une deuxième pour 500 000 € et d’avoir l’impression que la deuxième maison semble bon marché. Si, au contraire, nous avions d’abord vu une maison qui coûtait 200 000 €, nous aurions eu une impression différente de cette maison de 500 000 €.
  3. Préjugé de groupe : ce préjugé nous pousse à soutenir ou à croire ceux qui font partie de notre groupe social et à ne pas accorder cette faveur aux étrangers. C’est le cas, par exemple, lorsque nous découvrons que nous aimons la même équipe sportive. Ou que nous avons fréquenté la même université qu’une autre personne. Nous supposons alors automatiquement qu’il s’agit d’une « bonne personne », simplement en raison de ce facteur que nous avons en commun.
  4. Erreur d’attribution fondamentale : ce biais (également appelé biais de l’acteur-observateur) fait référence à notre croyance que nous agissons nous-mêmes en raison d’une situation. Mais les autres agissent en raison d’un trait stable, comme la personnalité. Par exemple, si quelqu’un nous coupe la route, nous décidons que c’est à cause de sa personnalité. Il est peut-être impoli ou mauvais conducteur. Mais si nous coupons quelqu’un dans la circulation, nous pensons que c’est à cause de la situation. Nous sommes en retard, ou quelqu’un s’est déporté sur la voie devant nous. C’est une erreur de diagnostic de notre part.
  5. Le biais de rétrospection : ce biais fait référence à notre tendance à percevoir les événements comme plus prévisibles après qu’ils se soient produits. Des exemples de biais de rétrospection se produisent lorsque les gens voient le résultat d’une décision. (Par exemple, une décision commerciale, une élection politique, le perdant qui gagne un match de basket). Et ont l’impression qu’ils « savaient depuis le début que ça arriverait ».
  6. L’effet Halo : ce biais fait référence à notre tendance à laisser l’impression que nous avons des autres dans un domaine influencer notre impression générale.Lorsqu’on rapporte qu’une célébrité que nous admirons a enfreint la loi, l’effet Halo peut nous amener à croire que ce rapport est faux. Nous aimons simplement trop cette personne pour croire que c’est vrai.
  7. Le biais d’autosatisfaction : il décrit notre tendance à revendiquer le succès pour les réussites mais pas pour les échecs. En d’autres termes, nous blâmons les forces extérieures lorsque de mauvaises choses se produisent. Mais nous nous attribuons le mérite lorsque de bonnes choses se produisent. Un exemple de cette erreur cognitive pourrait être celui d’un élève qui attribue le mérite de son intelligence et de son travail acharné lorsqu’il obtient de bonnes notes aux examens. Mais il pense ensuite que son professeur est en faute si sa note est basse.
  8. L’erreur du coût irrécupérable : cette erreur logique fait référence à une tendance à poursuivre un comportement en raison des ressources précédemment investies. Un autre terme pour cela peut être « jeter le bon argent après le mauvais ». Avez-vous déjà eu l’impression que vous deviez terminer un repas simplement parce qu’il était cher ? Ou continué à investir dans les réparations d’une voiture simplement parce que vous aviez déjà investi beaucoup d’argent auparavant ? Dans ce cas, vous avez peut-être fait l’expérience du Sunk Cost Fallacy.
  9. Biais de négativité : ce biais renvoie à l’idée que quelque chose que vous percevez comme négatif a un impact plus fort sur vous.Par rapport à un événement neutre ou positif, vous allez attribuer plus de poids à un résultat négatif. Il peut s’agir d’une émotion, d’une interaction sociale ou d’un événement négatif.
  10. Biais attentionnel : il s’agit de la façon dont la perception d’une personne est affectée par ce à quoi elle prête attention.Vous avez probablement vécu cette expérience lorsque vous achetez une nouvelle voiture. Tout à coup, vous voyez le même modèle de voiture partout. Mais en réalité, rien n’a changé.
  11. Biais de surconfiance : certains types de biais peuvent se manifester sous la forme de traits de personnalité.

Vous avez probablement rencontré quelqu’un qui pensait pouvoir tout faire. C’est un biais d’excès de confiance. C’est lorsque vous avez une fausse idée de votre niveau de talent, d’intelligence ou de compétences. Il peut s’agir d’un biais assez dangereux qui peut avoir des conséquences désastreuses dans certains scénarios.
Il peut s’agir de surestimer vos capacités de conduite sur l’autoroute. Ou encore, il peut s’agir de votre connaissance du marché boursier lorsque vous investissez. Ce biais est étroitement lié au biais d’optimisme, qui consiste à penser que vous avez moins de chances de vivre un événement négatif.Le biais d’excès de confiance est à peu près l’exact opposé du syndrome de l’imposteur.

Pourquoi devriez-vous essayer d’éliminer les pensées biaisées ?

Il existe un certain nombre de raisons pour lesquelles nous devrions nous efforcer d’éliminer les biais cognitifs et la pensée biaisée.
À la base, les préjugés nous empêchent d’échanger des informations exactes. Elle peut nous conduire à éviter les informations que nous n’aimons pas et à ne pas reconnaître les informations qui pourraient conduire à un résultat plus précis.
Les préjugés faussent notre pensée critique et peuvent nous amener à prendre des décisions irrationnelles. Enfin, ils peuvent nuire à nos relations. Les préjugés peuvent nous amener à porter des jugements inexacts sur les autres et à les traiter en conséquence.

10 conseils pour surmonter les biais cognitifs

Si les biais cognitifs peuvent être inconscients, il existe un certain nombre de choses que nous pouvons faire pour réduire leur probabilité.

1. Soyez conscient

Le premier conseil pour surmonter ces préjugés est de reconnaître qu’ils existent. Lorsque nous savons qu’il existe des facteurs qui peuvent modifier notre façon de voir les choses, nous sommes plus susceptibles de faire preuve de prudence lorsque nous formons des jugements ou prenons des décisions.

2. Considérez les facteurs actuels qui peuvent influencer votre décision

Y a-t-il quelque chose dans la situation actuelle qui pourrait vous amener à être trop confiant dans vos convictions ? Ou vous amener à ignorer certaines informations ? Veillez à ne pas être victime de l’effet de mode, ou à ne pas adopter des attitudes simplement parce que d’autres le font.

3. Réfléchir au passé

Cherchez des schémas dans la façon dont vous avez perçu des situations antérieures et où vous avez pu commettre des erreurs. Si, par exemple, vous constatez que vous avez tendance à ignorer les faits ou à accorder trop d’importance à l’intuition. Saisissez alors les occasions d’explorer davantage les données qui vous sont présentées.

4. Soyez curieux

Être curieux peut nous aider à éviter les biais cognitifs. La curiosité peut nous aider à nous arrêter suffisamment longtemps pour poser des questions. Elle nous empêche de penser que nous avons raison.

5. S’efforcer d’adopter un état d’esprit de croissance

Les personnes ayant un état d’esprit de croissance croient que les capacités cognitives peuvent être développées et ont tendance à apprendre de la critique. Plutôt que de dissimuler leurs erreurs, elles les considèrent comme une occasion d’apprendre. Elles ne croient pas que les facteurs sont « fixes » ou immuables. La modification des préjugés cognitifs est possible avec un peu de travail et d’effort. L’état d’esprit de croissance est l’une des nombreuses heuristiques qui peuvent vous aider à avancer dans la bonne direction.

6. Identifiez ce qui vous met mal à l’aise

Y a-t-il des personnes ou des situations qui vous mettent mal à l’aise ? Demandez-vous ce qui vous fait réagir ainsi et si vous n’avez pas un préjugé qui influence votre point de vue.

7. Embrasser le contraire

Essayer de comprendre un problème des deux côtés peut vous rendre plus critique et vous aider à voir le monde avec plus d’empathie. Poussez-vous à croire le contraire de votre réaction initiale et prêtez attention à ce qui se passe.

8. Rechercher des perspectives multiples

Sollicitez les commentaires et les perspectives des autres. Demander l’avis des autres peut nous aider à trouver des angles morts potentiels et nous empêcher d’être trop sûrs de nous.

9. Cherchez des preuves discordantes

Faites l’effort de rechercher des informations qui vont à l’encontre de votre croyance actuelle.

10. Pratiquez l’humilité intellectuelle

L’humilité intellectuelle consiste à rester ouvert à l’idée que l’on puisse avoir tort. Plutôt que de s’en tenir aveuglément à nos convictions, il s’agit de se demander : « Qu’est-ce que je rate ici ? »

Surmonter les biais cognitifs

Nous avons tous des préjugés cognitifs. Mais il existe des mesures proactives que nous pouvons prendre pour réduire leur impact négatif sur notre jugement. Cela nous aidera à améliorer nos relations et à prendre de meilleures décisions.
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Patrick Dubuisson

Je suis un professionnel du recrutement, qui partage sa vie entre sa famille, son boulot, et surtout son boulot.  J'ai 42 ans, toutes mes dents, un labrador, un pavillon de banlieue dans les Yvelines, une femme, deux enfants, un break et je passe des vacances au Touquet tous les ans, quand je ne vais pas chasser l'ours au bord du lac Baïkal ou boire de la vodka avec Nicolas. J'aime la course à pied, le squash, le tennis, le mikado, la vodka et la roulette.

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