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L’abandon de la rage : Comment l’éviter et garder son sang-froid

Par Patrick Dubuisson , le mercredi, 23 novembre 2022, 14h41 - 13 minutes de lecture
L'abandon de la rage : Comment l'éviter et garder son sang-froid

La colère peut être une vilaine émotion. Après quelques mois d’échéances impitoyables, de collègues condescendants et de réunions perturbatrices, vous la sentez peut-être mijoter au fond de votre esprit. Puis, à mesure que les frustrations s’accumulent, vous atteignez un point d’ébullition : si une chose de plus ne va pas, vous allez démissionner.

Le fait de démissionner dans le feu de l’action est appelé « démission de rage ». Dans un monde parfait, vous n’auriez pas atteint ce point. Mais trop souvent, le travail est une source de stress chronique pour les salariés américains, ce qui peut entraîner de l’irritabilité, de la fatigue et des difficultés à réguler ses émotions. Ce problème est tel que 63 % des travailleurs sont prêts à quitter leur emploi pour y remédier.

Mais quitter spontanément votre bureau n’est jamais une bonne idée. Non seulement vous vous retrouverez au chômage, mais vous risquez de brûler tous les ponts que vous aviez au sein de l’entreprise. Vos patrons et collègues comprendront, mais quelqu’un doit gérer votre charge de travail pendant qu’ils trouvent votre remplaçant. Cela pourrait créer des tensions ou aigrir votre départ.

N’oubliez pas que les émotions négatives fortes sont généralement mauvaises pour votre santé physique et mentale également. Une étude suggère que le cynisme peut vous exposer à un risque plus élevé de développer une démence. L’hostilité peut également entraîner une dépression et un risque accru d’accident vasculaire cérébral.

Si vous êtes malheureux sur votre lieu de travail, c’est une raison suffisante pour le quitter. Mais vous devez vous assurer que votre départ se fait à l’amiable, si possible.

Même si vous n’aimez pas votre travail, il est dans votre intérêt de réguler vos émotions. Voici notre guide pour vous aider à garder la tête froide.

Qu’est-ce que l’abandon de la rage ?

L’abandon de la rage est exactement ce que son nom indique : devenir tellement en colère ou frustré que l’on abandonne complètement une situation, en partant avant la résolution.

Sur le lieu de travail, cela implique généralement de quitter son emploi à la dernière minute sans donner le préavis habituel de deux semaines. Mais cela peut aussi se manifester par de petits accès de colère, comme quitter une réunion par frustration ou quitter une conversation avec un collègue condescendant.

En apparence, les démissionnaires enragés semblent partir soudainement, mais ils le font souvent après une accumulation de frustrations. Les mauvais traitements infligés par un patron toxique et des managers abusifs, une surcharge de travail ou un mauvais environnement de travail peuvent lentement faire des ravages sous forme de stress chronique. Et au moment où vous démissionnez, l’événement déclencheur n’est que la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Comment les émotions affectent les performances au travail

Les émotions fortes et négatives au travail diminuent considérablement vos performances. Des sentiments comme la frustration et la colère sont des symptômes courants du stress. Avec le temps, ils peuvent entraîner une fatigue émotionnelle, un épuisement et des troubles mentaux comme l’anxiété et la dépression. Ils vous exposent également au risque de prendre des décisions impulsives, comme le fait de démissionner.

La colère et la frustration vous mettent en état d’alerte et vous rendent plus égocentrique. Vous êtes plus susceptible de faire des choses qui vous font du bien sur le moment mais qui auront des conséquences plus graves à l’avenir.

Si vous abandonnez impulsivement un projet pour vous en prendre à votre collègue, vous risquez de punir indirectement votre meilleur ami au travail, qui devra vous remplacer en votre absence. De plus, vous risquez de mettre en péril votre bien-être financier si vous n’êtes pas en mesure de quitter votre poste actuel.

Les départs précipités sont généralement le signe de graves lacunes sur le lieu de travail. Mais en tant qu’employé, vous avez là aussi une responsabilité.

Lorsque vous commencez à vous sentir échauffé, il est préférable de prendre du recul et d’évaluer vos facteurs de stress avant de prendre des décisions brutales. Même si vous pensez qu’il n’est pas important de mettre fin à ces relations, vous aurez probablement un sentiment différent plus tard. Il est toujours préférable de se ressaisir avant de faire quelque chose que l’on regrettera.

Ensuite, si les choses ne s’améliorent pas au travail, vous pouvez établir un plan de secours, qui comprend la recherche d’un nouvel emploi et la remise de votre lettre de démission à un moment plus approprié.

6 émotions négatives courantes au travail (et comment les gérer)

Si un petit événement vous donne envie de démissionner avec rage, c’est probablement parce que vous êtes proche du point de rupture. Apprendre à gérer ses émotions sur le lieu de travail vous permettra d’éviter de faire quelque chose que vous pourriez regretter. La première étape consiste à prendre conscience de soi et à identifier ses émotions avant qu’elles ne deviennent incontrôlables.

Voici quelques exemples d’émotions courantes à surveiller :

1. Frustration/irritation

Cette émotion se manifeste lorsque vous vous sentez bloqué, piégé ou incapable d’avancer d’une manière ou d’une autre. Il se peut que votre collègue fasse la sourde oreille à vos suggestions ou que votre patron ne vous accorde pas de promotion. Si vous avez déjà atteint le plafond de votre rôle, vous pouvez vous ennuyer et être démotivé.

Voici quelques conseils pour faire face à cette émotion :

  • Evaluez votre situation. Lorsque vous reconnaissez que vous êtes frustré, réfléchissez aux raisons de cette frustration. Vous pourrez alors trouver une façon plus saine de gérer le problème. Si votre collègue discute régulièrement avec vous pendant trop longtemps et perturbe votre journée, apprenez à fixer des limites plus fermes. Voyez si vous pouvez trouver des opportunités de développement professionnel en dehors du lieu de travail, comme des cours ou des conférences, pour combattre le sentiment de stagnation.
  • Trouvez un aspect positif à la situation. Un petit changement de perspective peut contribuer à améliorer votre humeur. Recherchez les aspects positifs de votre situation. Si vous attendez quelqu’un pour une réunion, vous avez plus de temps pour répondre aux e-mails.
  • Réfléchissez à la dernière fois où vous vous êtes senti frustré. La dernière fois que vous vous êtes senti irrité, les choses ont probablement fini par s’arranger. Rappelez-vous que la plupart des problèmes sont temporaires, et que la frustration n’aide pas à accélérer les choses – elle ne fait que vous rendre malheureux en attendant.

2. Inquiétude/nervosité

L’anxiété provient souvent d’un sentiment de manque de contrôle sur l’avenir. Vous pouvez vous inquiéter de l’issue d’un projet, de savoir si votre collègue terminera son travail de manière appropriée, ou du sort de votre emploi en cas de licenciements dans l’entreprise. Ce sont toutes des choses que vous pouvez influencer mais sur lesquelles vous n’avez peut-être pas de contrôle direct.

Pour atténuer cette émotion, essayez :

  • S’entourer de personnes calmes. Il est beaucoup plus facile de se sentir en confiance lorsque les autres croient que les choses vont s’arranger pour le mieux. Leur positivité déteindra sur vous.
  • Respiration profonde. La respiration consciente permet de calmer votre cerveau, de réduire votre rythme cardiaque et de contrer la panique.
  • Demandez de l’aide. Si votre anxiété est hors de contrôle, vous pouvez consulter un professionnel de la santé mentale. Ils peuvent vous guider dans vos sentiments difficiles.

3. Colère/aggravation

C’est probablement l’émotion la plus destructrice sur le lieu de travail. C’est aussi l’une des plus difficiles à contrôler. Apprendre à gérer votre colère au travail est l’une des choses les plus importantes que vous puissiez faire, surtout si vous voulez éviter les crises de rage.

Voici ce qu’il faut faire :

  • Cherchez les signes avant-coureurs. La colère ne vient pas de nulle part. Tout comme l’eau, elle commence doucement à mijoter avant d’atteindre l’ébullition. Identifier et arrêter ces sentiments est essentiel pour éviter les crises de colère.
  • Retirez-vous de la situation qui vous met en colère. Si vous remarquez que vous vous échauffez, retirez-vous poliment de l’environnement déclencheur. Vous pouvez également essayer de vous « échapper » en fermant les yeux et en respirant profondément. Cela vous aidera à interrompre toute pensée de colère.
  • Imaginez-vous en colère. Si vous décidez de vous mettre en colère, à quoi ressemblerez-vous ? Voudriez-vous être près de cette personne ? Probablement pas. Un regard extérieur sur vous-même peut vous inciter à rester calme.

4. La déception

Vous avez peut-être été réaffecté à un projet qui vous déplaît ou reçu une mauvaise évaluation de vos performances. Ces moments peuvent être empreints de tristesse et de déception. Et si ces sentiments persistent, ils peuvent vous empêcher de poursuivre vos objectifs.

Pour surmonter votre déception :

  • Changez votre état d’esprit. Les humains ont besoin de tristesse pour apprécier les bonnes choses de la vie. Souvenez-vous que votre déception est temporaire, et que bientôt vous atteindrez un autre sommet.
  • Apprenez de l’échec. Examinez votre situation et voyez ce que vous auriez pu faire différemment. Si vous avez fait une erreur, apprenez-en et pardonnez-vous. Si vous n’avez vraiment rien fait de mal, acceptez que certaines choses échappent à votre contrôle. Cela vous aidera à passer à des choses plus grandes et meilleures.

5. N’aimez pas

Il est impossible d’être ami avec toutes les personnes que vous rencontrez, surtout au travail. Mais vous devez quand même les voir tous les jours, il est donc essentiel de rester professionnel.

Ces conseils peuvent vous aider :

  • Montrez du respect. Même si vous ne les aimez pas, ils ont été engagés pour une raison. Ils ont des compétences que vous n’avez peut-être pas et sont aussi précieux pour l’équipe que vous. Et s’ils se comportent de manière non professionnelle, vous feriez mieux de ne pas vous abaisser à leur niveau. Donnez-leur le respect qu’ils méritent.
  • Soyez aimable mais assertif. Lorsqu’une personne se comporte de manière non professionnelle à votre égard, il est important de fixer des limites. Expliquez poliment mais fermement que vous refusez d’être traité de cette façon, puis quittez la situation.

6. Burnout

L’épuisement professionnel survient généralement après une accumulation de stress chronique. Il entraîne généralement un manque de motivation, de plaisir dans votre travail et de confiance dans votre capacité à accomplir une tâche. De plus, il vous rend irritable et facilement frustré, ce qui vous rend plus enclin à démissionner.

Sans prendre de congé pour cause de stress, voici comment vous pouvez atténuer l’épuisement professionnel :

  • Cultivez des intérêts en dehors du travail. L’épuisement professionnel est un phénomène lié au travail. En ajoutant du dynamisme à votre vie grâce à des passe-temps, du temps en famille et des activités communautaires, vous pouvez soulager la pression de votre travail.
  • Prenez soin de votre santé physique. Adoptez une bonne hygiène de sommeil, buvez de l’eau, mangez des aliments sains et faites régulièrement de l’exercice. Prendre soin de votre corps vous aidera à prendre soin de votre esprit.

Conseils supplémentaires pour gérer les émotions de manière positive

N’importe laquelle des émotions négatives ci-dessus peut conduire à un arrêt de la rage, et chacune d’entre elles nécessitera son propre mécanisme d’adaptation. Les meilleures pratiques suivantes peuvent vous aider à créer vos propres stratégies d’adaptation :

  • Compartimenter. Gérer l’équilibre entre votre vie professionnelle et votre vie privée peut être difficile, surtout si vous êtes novice en matière de travail à distance. Mais c’est essentiel pour votre santé globale.
  • Retardez vos décisions. Ne prenez jamais de décisions lorsque vous êtes submergé par vos émotions. C’est particulièrement vrai si vous êtes en colère. Quelque chose d’aussi simple que la règle des 10 secondes peut vous aider : fermez les yeux et comptez jusqu’à 10, en respirant profondément tout le temps.
  • Identifiez et évitez vos déclencheurs. Si un collègue vous exaspère régulièrement, limitez le temps que vous passez avec lui. L’évitement peut atténuer votre frustration jusqu’à ce qu’une solution plus permanente soit disponible.
  • Faites de l’exercice. Courez, soulevez des poids, faites du vélo. Ou, pour un aspect social supplémentaire, rejoignez un cours d’exercice. C’est un excellent moyen de brûler de l’énergie négative et de vous distraire du travail pendant un moment.

Comment exprimer sa frustration au travail

Vos stratégies d’adaptation aux émotions ci-dessus devraient agir comme une soupape de décompression pour vous aider à garder votre sang-froid au travail. Cela vous aidera ensuite à exprimer votre frustration de manière constructive et saine.

Il s’agit de s’affirmer sans devenir personnel. Voici quelques tactiques qui peuvent vous aider :

  • Tenez-vous-en aux faits. Évitez de généraliser lorsque vous confrontez quelqu’un. Concentrez-vous sur des comportements et des exemples spécifiques lorsque vous exprimez votre mécontentement.
  • Utilisez le langage « je ». Concentrez-vous sur ce que vous ressentez au lieu d’utiliser un langage accusateur tel que « Tu abîmes toujours mon travail ! ».
  • Établissez le lien entre leur comportement et vos sentiments. Assurez-vous qu’il est clair qu’ils sont la raison de votre frustration, mais concentrez-vous sur le comportement, pas sur leur caractère. Par exemple, « Quand tu rends les choses en retard, cela signifie que je ne peux pas accomplir mes propres tâches. Cela me frustre parce que maintenant nous manquons tous les deux nos échéances ». Cela montre comment il vous implique et comment son comportement vous affecte.

Même si vous décidez de quitter votre poste actuel, vous pouvez utiliser les tactiques ci-dessus lors d’un entretien de départ. Vos commentaires peuvent aider votre employeur à apporter des améliorations structurelles aux employés actuels et futurs.

Ne cédez pas à la colère

Le départ en colère est une façon tentante mais peu judicieuse de régler les problèmes sur le lieu de travail. Il est toujours préférable de se calmer, d’essayer de gérer ses frustrations, puis de décider à tête reposée si l’on veut toujours démissionner.

La gestion des émotions sur le lieu de travail est difficile, et trouver les bons mécanismes d’adaptation prendra du temps. Vous devrez être patient et garder l’esprit ouvert. Après avoir essayé de nouveaux passe-temps, fait de l’exercice plus souvent et pratiqué la pleine conscience, vous serez mieux équipé pour prendre des décisions saines.

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Patrick Dubuisson

Je suis un professionnel du recrutement, qui partage sa vie entre sa famille, son boulot, et surtout son boulot.  J'ai 42 ans, toutes mes dents, un labrador, un pavillon de banlieue dans les Yvelines, une femme, deux enfants, un break et je passe des vacances au Touquet tous les ans, quand je ne vais pas chasser l'ours au bord du lac Baïkal ou boire de la vodka avec Nicolas. J'aime la course à pied, le squash, le tennis, le mikado, la vodka et la roulette.

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