Bien-être

La thérapie d’exposition : Affronter la peur pour accroître le bien-être

Par Patrick Dubuisson , le mardi, 25 octobre 2022, 19h47 — Thérapie - 15 minutes de lecture
Exposure therapy: Confronting fear to increase well-being

Si vous avez déjà été confronté à des peurs intenses, ou si vous connaissez quelqu’un qui l’est, vous avez peut-être entendu parler de la thérapie d’exposition. Dans le monde des affaires, nous rencontrons souvent une version pratiquée en dehors du domaine de la psychologie clinique – une formation et un coaching conçus pour surmonter la peur de parler en public ou de faire une présentation devant un grand groupe.

Peu de peurs autres que la peur de parler en public ou la peur de l’avion sont considérées comme légitimes au travail, de sorte que la thérapie d’exposition n’est probablement pas un sujet de conversation à l’heure du déjeuner. En réalité, même en dehors du travail, nous ignorons souvent si quelqu’un souffre d’anxiété ou s’il cherche à se faire soigner – que ce soit par une thérapie comportementale, une psychothérapie ou un médicament.

L’un des aspects positifs de la pandémie est que les problèmes de santé mentale sont révélés au grand jour. Si la réduction de la stigmatisation est une bonne chose, il existe encore de nombreuses lacunes dans les connaissances des gens et des informations inexactes.

Dans cet article, je vais vous donner un aperçu de la thérapie d’exposition. J’expliquerai comment fonctionne la thérapie d’exposition, ses différents types et techniques, les problèmes mentaux et les phobies spécifiques pour lesquels la thérapie d’exposition est un traitement efficace, et l’efficacité de la thérapie d’exposition prolongée.

Qu’est-ce que la thérapie d’exposition ?

Avez-vous déjà entendu quelque chose du genre « il faut affronter ses peurs pour les surmonter » ?

Eh bien, le traitement par exposition est similaire à cela. L’idée de base de ce type de thérapie est qu’en s’exposant de manière contrôlée et sûre à un objet redouté, sous la direction d’un clinicien, une personne peut parvenir à une restructuration cognitive – essentiellement, le schéma du stimulus et de la réponse automatique est interrompu. Une nouvelle voie et une nouvelle connexion, plus adaptatives, sont créées.

La thérapie d’exposition est une option thérapeutique reconnue par l’American Psychological Association et d’autres organismes professionnels dans le monde. Il s’agit d’un type de thérapie comportementale, parfois regroupée dans la catégorie plus large de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), qui fait appel à des techniques fondées sur des preuves afin d’exposer une personne au stimulus qui lui cause des sentiments d’anxiété ou de peur.

Il faut savoir que la thérapie comportementale est une forme de psychothérapie. Elle se concentre sur la mise en correspondance des stimuli et des réponses inadaptées et sur la modification de ces réponses. La thérapie comportementale est une thérapie rapide. Elle peut apporter des bénéfices significatifs à court terme en se concentrant sur le « quoi » sans essayer de comprendre le « pourquoi » ou la racine des schémas stimulus-réponse.

L’objectif final est d’améliorer la capacité du client à fonctionner en réduisant son niveau d’anxiété, de sorte que lorsqu’il sera à nouveau confronté à ce stimulus, il ne l’affectera plus comme avant.

Quatre types d’exposition

Il existe plusieurs façons d’aborder l’exposition à des stimuli redoutés. Les meilleurs types d’exposition pour un état donné dépendent de plusieurs facteurs, évalués par un clinicien qualifié. Évidemment, il existe certaines limites en fonction de la situation redoutée et des circonstances entourant une phobie spécifique. En outre, il faut tenir compte du type et de l’ampleur de la réponse associée au stimulus.

Le fait de replonger une personne dans un événement ou une expérience traumatisante ne doit pas être pris à la légère, par exemple par un membre de la famille bien intentionné qui essaie d’aider.

  1. Exposition in vivo. Ce type d’exposition implique que la personne est confrontée au stimulus redouté qui lui cause de l’anxiété, dans la vie réelle. Par exemple, si une personne a peur des chiens, un chien sera amené dans l’exposition in vivo, dans la vie réelle. Tant que la réponse n’est pas trop traumatisante ou ne crée pas une expérience dangereuse, ce type d’exposition peut être pratique pour une habituation répétée à court terme, par exemple pour traiter la phobie sociale.
  2. Exposition imaginaire. C’est le type d’exposition qui est généralement utilisé lorsque le stimulus n’est pas facile d’accès et ne peut être amené lors d’une séance de thérapie, le thérapeute utilise donc des techniques d’imagination pour travailler avec les sensations que le stimulus apporte, sans qu’il soit physiquement présent. Par exemple, une personne qui a peur de l’avion. Comme il serait impossible d’amener cette peur lors d’une séance, la personne doit s’imaginer être dans un avion.
  3. Thérapie d’exposition en réalité virtuelle. Elle est utilisée dans les mêmes cas que l’exposition imaginaire, mais elle ne nécessite pas de technique d’imagination à partir de zéro. La réalité virtuelle aide à créer le stimulus et la réponse à celui-ci, en observant et en vivant dans une réalité différente, par opposition à la pièce et au contexte dans lesquels la personne se trouve à ce moment-là (c’est-à-dire la salle de thérapie).
  4. Exposition interoceptive. Ce type d’exposition est utilisé pour exposer la personne aux sensations physiques qu’elle n’aime pas, comme les sentiments d’anxiété, afin qu’elle réalise que ces sensations ne sont pas aussi menaçantes ou dangereuses qu’elle le pensait. Par exemple, nous pouvons demander à une personne de faire des exercices cardio pour activer et accélérer son rythme cardiaque, qui est l’un des symptômes qu’elle craint. Le but de l’exercice est de faire prendre conscience que cette sensation physique n’est pas une menace et qu’il s’agit d’une réponse corporelle humaine.

Techniques de thérapie d’exposition

  1. Exposition graduée. Le thérapeute aide le client à définir une liste de situations qui provoqueraient sa réaction désagréable, et à classer chacune d’entre elles de 1 à 10 en fonction du degré de désagrément de chaque situation. Le thérapeute aide le client à définir une liste de situations qui provoqueraient sa réaction désagréable et à les classer de 1 à 10 en fonction de leur degré de désagrément. L’exposition graduelle consiste à exposer la personne à ces situations, en commençant par la plus désagréable et en terminant par la plus désagréable. Par exemple, si la peur est celle des araignées, l’exposition graduelle commence par l’observation d’une image d’araignée et se termine par la proximité d’une araignée réelle.
  2. Inondation. En utilisant la même hiérarchie de peur que pour l’exposition graduelle, l’inondation consiste à exposer la personne à la pire situation de la liste. Contrairement à l’exposition graduelle, qui est graduelle, l’inondation est comme un plongeon dans le grand bain. Par exemple, en utilisant le même exemple que précédemment, la personne serait immédiatement exposée à une araignée réelle.
  3. Désensibilisation systématique. Il s’agit d’une technique d’exposition combinée à des techniques de relaxation. L’objectif est d’entraîner la personne à associer le stimulus désagréable à des sentiments de relaxation et à utiliser ces techniques de relaxation, si nécessaire, lorsqu’elle est exposée à ces situations en dehors de la thérapie. Par exemple, si une personne est exposée à une araignée, elle pratiquera ses techniques de relaxation en présence de ce stimulus, afin de combattre les sentiments d’anxiété qu’il peut provoquer.
  4. Exposition prolongée. La personne est exposée à la situation qui lui cause des sentiments désagréables, pendant une période de temps prolongée. Par exemple, on peut exposer une personne à un chien (en supposant qu’elle souhaite travailler sur sa peur des chiens), lui faire ressentir tous ses symptômes d’anxiété habituels, puis attendre avec elle, sans lui retirer le chien, jusqu’à ce que son corps et son esprit se calment naturellement.
  5. Exposition et prévention de la réponse. Ce type d’exposition est surtout utilisé pour les TOC. Au cours de la séance, la personne est exposée à la situation qui déclenche ses pensées obsessionnelles. Dans son quotidien habituel, cela l’amènerait à s’engager dans une action cataloguée comme « compulsion ». Mais au cours de cette technique d’exposition, la personne est entraînée à ne pas s’engager dans cette action, empêchant ainsi sa réponse compulsive habituelle à la pensée obsessionnelle. Par exemple, une personne souffrant de TOC peut avoir des pensées obsessionnelles lorsqu’elle a l’impression de ne pas avoir verrouillé correctement la porte après avoir quitté la maison. La compulsion habituelle qu’elle suit est de retourner chez elle et de vérifier cela après être déjà partie. Pendant cette technique d’exposition, nous demandons à cette personne de quitter la maison, d’avoir cette pensée obsessionnelle, mais de se retenir de retourner chez elle et de vérifier. Il faut l’entraîner pour qu’elle ait des effets durables et notables sur les TOC au quotidien.

Quels problèmes mentaux la thérapie d’exposition peut-elle traiter ?

Les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) :

Les personnes qui souffrent de TOC ont des pensées obsessionnelles centrées sur un certain thème. Elles adoptent des comportements compulsifs pour soulager l’anxiété qu’elles ressentent à cause de ces pensées.

Les pensées obsessionnelles peuvent varier, mais certains thèmes communs sont les suivants :

  • Germes et propreté
  • Mauvaise santé et maladie
  • Contrôler son environnement
  • Obsessions religieuses
  • Obsessions sexuelles non désirées

Les compulsions que les personnes peuvent éprouver en raison de ces pensées obsessionnelles sont également diverses. Les comportements compulsifs les plus courants sont le nettoyage et la désinfection excessifs, la vérification, la répétition, le comptage, l’égalisation des chiffres et même les mouvements corporels tels que la correction exagérée de la posture.

Si les TOC sont parfois dépeints comme excentriques dans la culture populaire, les pensées obsessionnelles peuvent être très pénibles. Les comportements compulsifs peuvent devenir si élaborés ou constants – comme se laver les mains au point de saigner ou des séquences qui doivent être recommencées si elles ne sont pas parfaitement exécutées – qu’ils interfèrent avec la vie quotidienne et le travail.

Trouble de stress post-traumatique (TSPT) :

Il s’agit d’un trouble qui peut survenir lorsqu’une personne a été témoin ou victime d’un événement traumatique, comme une agression sexuelle, un accident grave, une catastrophe naturelle, une attaque terroriste ou une violence.

Les personnes qui souffrent de SSPT peuvent avoir des pensées et des sentiments troublants liés au traumatisme qu’elles ont vécu, mais qui est déjà terminé. Ces réactions peuvent surgir de nulle part ou être déclenchées par un stimulus qui leur rappelle le traumatisme. En outre, il peut s’agir de réactions corporelles (symptômes d’anxiété, gel…), de tristesse, de peur, de flashbacks, de cauchemars ou de terreurs nocturnes.

Par exemple, une personne qui a été victime d’abus sexuels peut avoir des flashbacks du moment où cela s’est produit et peut avoir une réponse corporelle désagréable au toucher physique.

Trouble anxieux généralisé (TAG) :

Ce trouble se caractérise par une inquiétude constante concernant les événements et les sujets de la vie quotidienne. L’anxiété est une réponse nécessaire de notre corps en tant que mécanisme de survie, mais elle devient un problème lorsque cette réponse anxieuse n’est pas nécessaire parce qu’il n’y a pas de danger ou de menace qui nécessite une réponse de « lutte ou de fuite » de notre part.

Par exemple, une personne souffrant de TAG peut éprouver des symptômes d’anxiété lorsqu’un être cher ne répond pas à ses textos ou lorsqu’elle a peur de l’avenir.

Phobies :

Il s’agit de toute peur extrême et persistante de quelque chose ou d’une situation qui amène la personne à l’éviter à tout prix, ce qui entraîne parfois des problèmes dans les activités de la vie quotidienne.

Les phobies les plus courantes sont l’agoraphobie (peur des espaces ouverts et publics), la claustrophobie (peur des espaces fermés) et la phobie de choses spécifiques comme un certain animal ou un certain objet.

Trouble de l’anxiété sociale :

Ce trouble consiste en une peur extrême des situations sociales impliquant des rencontres ou des interactions avec d’autres personnes. Il peut inclure des pensées d’être constamment observé et jugé par les autres.

Une personne qui souffre du trouble de l’anxiété sociale peut éviter les situations sociales telles que les fêtes ou les réunions entre collègues de travail afin de ne pas ressentir cette anxiété. Elle souffre en outre de la perte du lien social.

Trouble panique :

Ce trouble anxieux se caractérise par des attaques de panique régulières qui n’ont parfois pas de déclencheur spécifique. Cela peut souvent interférer avec les tâches et les activités quotidiennes.

Traumatisme :

Il peut s’agir d’une grande variété de traumatismes, qui sont une réponse de notre corps et de notre esprit à une situation stressante ou angoissante. Le traumatisme peut donner à la personne un sentiment d’impuissance, de blessure et d’incapacité à faire face à certains sentiments et émotions.

Parmi les exemples de traumatismes, citons une agression sexuelle, une attaque terroriste, une catastrophe naturelle, la violence domestique ou une éducation abusive.

Qu’est-ce que la thérapie d’exposition prolongée ?

L’exposition prolongée consiste à demander à une personne de faire face à sa peur pendant un laps de temps qui lui permet d’expérimenter le pic de ses réponses corporelles désagréables et anxieuses, puis une diminution de cette anxiété pour que le corps atteigne son état neutre.

Avec ce type d’exposition, il est très important de ne pas interrompre la période d’exposition avant que le corps de la personne n’ait retrouvé son état neutre et détendu, car cela pourrait entraîner l’effet inverse de celui que le thérapeute souhaite obtenir avec cet exercice (c’est-à-dire que la peur de la personne est encore plus ancrée en elle).

La thérapie d’exposition est-elle efficace ?

C’est la question clé, non ? Il est peu probable que nous fassions un effort pour faire quelque chose lorsque les résultats ne sont pas clairs. Bien sûr, lorsque nous parlons de techniques pour améliorer notre vie, pour adapter notre comportement ou pour affronter et surmonter des peurs irrationnelles, le degré de réussite dépend de notre cas particulier. Certaines variables doivent être prises en compte.

Avant de les aborder, il est utile d’examiner certaines données. La thérapie par l’exposition est un type de thérapie scientifiquement prouvé. Entre 60 et 90 % des personnes connaissent une amélioration significative après l’avoir suivie.

Il s’agit d’une technique puissante et efficace.

Vous vous demandez peut-être pourquoi elle fonctionne pour certaines personnes, quelles sont les variables qui prédisent le succès, et si vous seriez capable de surmonter vos peurs grâce à cette technique. Toutes ces questions sont pertinentes.

Pour y répondre, deux variables principales entrent en jeu :

  • Type de techniques d’exposition. En fonction de la peur qu’elle éprouve, la personne a plus de chances de réussir selon la technique qu’elle utilise. Par exemple, la prévention par l’exposition et la réponse est particulièrement efficace sur les personnes qui souffrent de TOC.
  • L’engagement du patient. Même si nous aimerions avoir une baguette magique que nous pourrions agiter et faire disparaître la peur, c’est loin d’être la réalité. Il est nécessaire que la personne s’engage correctement dans les exercices et fasse confiance à son thérapeute et au processus. Il s’agit d’une voie à double sens où non seulement les efforts du thérapeute sont importants, mais aussi ceux du patient. C’est la recette d’une technique d’exposition réussie.

En résumé

Comme nous l’avons vu tout au long de cet article, il existe de nombreuses façons dont un thérapeute agréé peut appliquer la thérapie d’exposition. Ce n’est pas un processus agréable pour l’individu, mais il tend à avoir des bénéfices rapides et significatifs pour sa qualité de vie et son bien-être.

Imaginez que vous allez chez le kinésithérapeute : au cours des séances, certains massages sur le muscle affecté peuvent faire mal. Après quelques séances, la douleur commence à s’atténuer, jusqu’à ce que vous vous sentiez finalement beaucoup mieux, capable de bouger comme vous ne le pouviez pas auparavant, et sans avoir à subir de douleurs musculaires.

La thérapie par l’exposition est similaire. Les séances sont parfois difficiles à suivre, mais si vous visualisez votre objectif final et que vous persévérez, cela deviendra progressivement plus facile. Bientôt, vous serez en mesure de vivre et de vous déplacer avec plus de facilité, sans que cette peur ne vienne entraver votre vie quotidienne.

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Patrick Dubuisson

Je suis un professionnel du recrutement, qui partage sa vie entre sa famille, son boulot, et surtout son boulot.  J'ai 42 ans, toutes mes dents, un labrador, un pavillon de banlieue dans les Yvelines, une femme, deux enfants, un break et je passe des vacances au Touquet tous les ans, quand je ne vais pas chasser l'ours au bord du lac Baïkal ou boire de la vodka avec Nicolas. J'aime la course à pied, le squash, le tennis, le mikado, la vodka et la roulette.

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