Leadership & Management

La clé d’une organisation plus résiliente, ce sont des équipes plus résilientes.

Par Patrick Dubuisson , le mardi, 25 octobre 2022, 19h37 — Équipe - 6 minutes de lecture
La clé d'une organisation plus résiliente, ce sont des équipes plus résilientes.

Il est temps pour les entreprises d’agir, et non plus seulement de réagir aux crises inattendues. Ces événements qui bouleversent le monde sont connus sous le nom de « cygnes noirs » et, bien que chacun d’entre eux semble rare et imprévisible lorsqu’il se produit, les organisations sont en fait régulièrement confrontées à de telles perturbations.
Pour s’y préparer, les organisations doivent cultiver la résilience, non seulement après l’effondrement de la bourse ou l’apparition d’un nouveau virus, mais chaque jour et chaque année. La résilience permet d’amortir l’incertitude et constitue la plate-forme nécessaire sur laquelle reposent l’innovation et la productivité en période difficile.
L’équipe de spécialistes des sciences du comportement de RecrutementPro a récemment publié une étude visant à déterminer l’impact de la résilience sur les organisations. Le rapport, intitulé « La résilience à l’ère de l’incertitude », montre que le bénéfice net pour les organisations qui développent la résilience est clair. Les employés très résilients ont été 31 % plus productifs pendant la pandémie que les travailleurs les moins résilients, par exemple. Ils ont moins de problèmes de sommeil, font plus d’exercice et déclarent trouver plus de sens à leur travail.

Où concentrer vos efforts de renforcement de la résilience

Où concentrer les efforts de renforcement de la résilience représente un défi pour les responsables RH. Quelle est la meilleure façon de favoriser la résilience de votre personnel ? Les interventions individuelles mettent du temps à se développer et à avoir un impact. Mais se concentrer sur un changement à l’échelle de l’entreprise est un défi de taille. N’importe quel dirigeant expérimenté vous dira que les grandes organisations sont comme des cargos, qui ne changent de direction que lentement. La solution ? Concentrez vos efforts de renforcement de la résilience au niveau de l’équipe. Cela présente un certain nombre d’avantages importants.
Premièrement, l’impact des leaders résilients est multiplié par leurs équipes. D’après nos données, les subordonnés directs des leaders très résilients sont eux-mêmes trois fois plus résilients en moyenne. Les équipes dont les leaders sont très résilients connaissent également beaucoup moins d’épuisement professionnel et de roulement du personnel. Si un leader fait bien face aux défis, son équipe est susceptible de faire de même.
Deuxièmement, lorsque nous avons demandé aux subordonnés directs des leaders très résilients d’évaluer leurs équipes, ils nous ont dit que leurs équipes avaient une meilleure performance globale, étaient plus agiles et plus innovantes que celles dirigées par des leaders peu résilients. Cela s’explique notamment par le fait que ces dirigeants donnent l’exemple de compétences telles que l’esprit de décision face à l’incertitude et la fixation de limites pour préserver leur propre bien-être, ce qui se répercute sur leurs équipes.
En bref, les équipes constituent un levier très efficace pour accroître la résilience. Les initiatives à l’échelle de l’entreprise peuvent représenter un lourd fardeau, générant souvent des résultats et un impact diffus ou incertains, mais en se concentrant sur les équipes, les organisations peuvent constater un impact beaucoup plus important et plus tangible.

Comment construire des équipes résilientes

Pour les chefs d’entreprise, l’une des questions les plus importantes auxquelles nous pouvons répondre est la suivante : si nous savons que les efforts visant à renforcer la résilience sont exceptionnellement efficaces au niveau de l’équipe, quelles sont les interventions spécifiques qui ont le plus d’impact ?
Heureusement, les données peuvent nous guider ici aussi. Nos recherches montrent que la résilience est à la fois mesurable et entraînable, et que des mesures simples peuvent aider les dirigeants à cultiver la résilience. Voici quelques idées fondées sur la recherche :

  1. Soyez un modèle. Les dirigeants se sentent souvent obligés de jouer les héros, en sacrifiant leur propre bien-être pour les autres ou pour l’organisation. Leurs intentions peuvent être nobles, mais l’effet global est négatif. Au contraire, nos recherches montrent que lorsqu’on apprend aux dirigeants à donner la priorité à leur propre bien-être, tant physique que mental, ils peuvent à la fois mieux soutenir leurs équipes et donner l’exemple de comportements positifs qui se répercutent sur leurs subordonnés directs. La récupération est un ingrédient clé de la résilience humaine. Même les athlètes les plus décorés et les plus compétitifs prennent le temps de récupérer entre deux sprints intenses.
  2. Promouvoir le bien-être au sein de vos équipes. Il est essentiel de donner la priorité au bien-être des dirigeants, mais les organisations doivent offrir un soutien personnalisé à toutes les équipes pour en tirer le meilleur parti. Les bienfaits de la forme physique, de la nutrition, de la pleine conscience et d’un sommeil de qualité améliorent la capacité des employés à résister et à rebondir plus fort face à l’adversité, au travail comme dans leur vie personnelle. Lorsque les équipes se sentent très soutenues par leur organisation, leur résilience (mesurée par notre indice de résilience et d’innovation) augmente de 21 % sur une période de 3 à 4 mois, par rapport aux équipes qui se sentent moins soutenues.
  3. Faites du changement une affaire personnelle. Il n’existe pas deux personnes identiques dans votre organisation, ce qui signifie que les interventions à l’emporte-pièce ont peu de chances d’être efficaces. Le soutien doit être adapté à l’individu, à ses défis et à son rythme de croissance. Les programmes de coaching et d’apprentissage personnalisés – de plus en plus souvent dispensés à distance grâce à la crise actuelle – ont le plus grand impact.

La conclusion la plus importante de nos recherches est que la résilience est une compétence qui peut être enseignée, pratiquée et développée. Les gens n’ont pas de niveaux fixes de résilience tout au long de leur vie – elle doit être entretenue par l’auto-prise en charge et la pratique. Nos recherches montrent que les personnes dont le niveau de résilience est faible au départ voient leur résilience augmenter de 125 % en moyenne après seulement trois à quatre mois de soutien personnalisé. Le coaching individuel fonctionne, et le fait de cibler des interventions efficaces au niveau de l’équipe maximise son impact.
Le résultat est une organisation plus forte, plus innovante, plus résiliente et bien mieux préparée à faire face aux cygnes noirs actuels et futurs.
Cet article a été initialement publié sur TecHRSeries.com.

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Patrick Dubuisson

Je suis un professionnel du recrutement, qui partage sa vie entre sa famille, son boulot, et surtout son boulot.  J'ai 42 ans, toutes mes dents, un labrador, un pavillon de banlieue dans les Yvelines, une femme, deux enfants, un break et je passe des vacances au Touquet tous les ans, quand je ne vais pas chasser l'ours au bord du lac Baïkal ou boire de la vodka avec Nicolas. J'aime la course à pied, le squash, le tennis, le mikado, la vodka et la roulette.

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