Bien-être

Comment la thérapie EMDR promet de faire disparaître les traumatismes

Par Patrick Dubuisson , le mardi, 25 octobre 2022, 19h45 — Thérapie - 9 minutes de lecture
How EMDR therapy holds the promise to make trauma go away

Depuis l’époque de Freud, nous nous attendons à ce que le traitement de nos traumatismes soit un voyage de toute une vie. Ce n’est pas pour les âmes sensibles. L’excavation et le tri des expériences traumatiques, comme pour les excavations physiques, est un travail difficile.

Cela pourrait changer. Des données suggèrent que d’autres moyens de traiter les traumatismes pourraient être aussi efficaces.

La thérapie EMDR est un traitement psychothérapeutique relativement nouveau, cliniquement soutenu, qui permet d’évacuer les traumatismes, en particulier les expériences dont il est difficile de parler.

Si vous avez regardé la série documentaire « The Me You Can’t See », le prince Harry, duc de Sussex, partage son expérience de la thérapie EMDR. Dans un épisode, le directeur de l’impact de RecrutementPro emmène les téléspectateurs dans une de ses séances privées. Mais vous vous demandez peut-être ce qu’est la thérapie EMDR et comment elle fonctionne. Voyons cela de plus près.

Qu’est-ce que la thérapie EMDR ?

La désensibilisation et le retraitement par les mouvements oculaires, ou thérapie EMDR, est un traitement psychothérapeutique du stress, du syndrome de stress post-traumatique (SSPT), de la dépression et des troubles anxieux. Elle est assez unique. Contrairement à de nombreuses autres formes de thérapie, l’EMDR ne nécessite pas de parler de l’événement traumatique ou de remettre en question des pensées spécifiques.

Au lieu de cela, les cliniciens travaillent avec leurs patients pour leur faire revivre des souvenirs traumatisants en doses brèves, les aidant ainsi à traiter le traumatisme dans un cadre sûr et guidé.

Comment la thérapie EMDR affecte-t-elle le cerveau ?

Nos souvenirs, nos apprentissages et nos expériences sont codés dans les réseaux neuronaux de notre cerveau. Ces voies neuronales sont intrinsèques à la manière dont le cerveau traite et conserve les informations. Dans des circonstances normales, les nouvelles idées et expériences sont connectées à d’autres voies, ce qui nous permet de considérer l’information sous différents angles et d’élargir ce que nous savons.

En cas d’expérience traumatique, ces voies sont altérées. Comme les voies neuronales sont liées aux émotions, aux sentiments et aux réactions, nous restons « bloqués », comme si nous étions de retour dans l’expérience vécue. Nous avons du mal à la relier à de nouvelles expériences de vie. Le Dr Arielle Schwartz compare l’expérience à un CD qui saute sur la même partie, encore et encore.

L’EMDR revisite le traumatisme non traité, en utilisant de nouvelles expériences sensorielles pour créer « manuellement » ces nouvelles connexions. Avec de l’aide, la réponse cognitive initiale commence à perdre sa puissance. Le cerveau, pour ainsi dire, a maintenant un autre endroit où aller.

Les mouvements oculaires servent de base à la thérapie car ils simulent les mouvements oculaires rapides (REM), que le cerveau utilise déjà pendant le sommeil pour traiter les expériences de la vie. L’objectif est de créer une résolution adaptative, c’est-à-dire un état dans lequel le souvenir ciblé ne déclenche plus de réaction de stress palpable.

Qui peut bénéficier de la thérapie EMDR ?

Parce qu’elle est non invasive et n’implique pas de parler de l’événement traumatique en détail, l’EMDR est efficace pour les enfants et les adultes, pour toute personne ayant des difficultés à parler de ses expériences. Il s’agit d’un traitement validé scientifiquement qui s’est avéré efficace pour traiter les traumatismes.

La thérapie de désensibilisation et de retraitement par les mouvements oculaires peut être utilisée pour traiter :

  • Anxiété, phobies et attaques de panique
  • Dépression
  • Trouble bipolaire
  • Troubles de l’alimentation
  • Deuil et perte
  • Trouble de stress post-traumatique (TSPT)
  • Troubles du sommeil
  • Douleur et maladies chroniques
  • Agressions physiques et sexuelles
  • Abus de substances et toxicomanie
  • Faible estime de soi
  • Anxiété de performance
  • Troubles dissociatifs et de la personnalité

Comment fonctionne la thérapie EMDR ?

Le processus de thérapie EMDR se déroule en huit étapes, ou phases. Voici un aperçu du fonctionnement de l’EMDR et un plan de traitement EMDR typique :

Phase 1 : Séance d’anamnèse

Au cours de la première séance, le thérapeute évalue le client en recueillant ses antécédents traumatiques et en répondant à ses questions sur l’EMDR. Une fois que le thérapeute et le client ont convenu que l’EMDR est une option de traitement appropriée, le thérapeute peut établir un plan. Celui-ci comprend normalement les traumatismes spécifiques que le patient souhaite surmonter et toute autre expérience stressante.

Phase 2 : Techniques d’imagerie et de réduction du stress

Le thérapeute EMDR prépare le patient à la phase suivante du traitement en le préparant à revivre l’événement perturbateur. Le thérapeute passe en revue les principes de base et le processus de l’EMDR, et le client apprend les techniques de régulation émotionnelle et d’auto-calme. À ce stade, le thérapeute et le patient apprennent à travailler ensemble et à établir un rapport.

La phase 2 dure entre une et quatre séances et constitue une base solide pour la phase suivante du traitement.

Phase 3 : Évaluation

Avec son thérapeute, le patient choisit une image qui représente l’événement pénible et une déclaration qui exprime sa conviction à ce sujet. Le thérapeute prend également une mesure de la gêne subjective du patient face à l’expérience (SUD, ou Subjective Units of Disturbance).

L’objectif de l’EMDR est de réduire la gêne subjective (SUD) tout en améliorant la VOC. La VOC, ou validité de la cognition, est la mesure dans laquelle la nouvelle pensée positive semble vraie à la place de l’ancienne croyance négative.

Phase 4 : Désensibilisation

Le thérapeute guide le patient à travers une série de mouvements oculaires pendant qu’il se rappelle l’expérience traumatique. Pendant que le patient se souvient, le thérapeute continue à diriger son attention sur le mouvement des yeux jusqu’à ce que son niveau de SUD commence à baisser. L’intervention la plus courante est la stimulation bilatérale, c’est-à-dire des mouvements oculaires rapides et ciblés des deux côtés. Outre les mouvements oculaires, le thérapeute peut également utiliser des tapotements ou d’autres sons pour guider l’expérience.

Phase 5 : Installation

Dans la phase 5, le thérapeute travaille à renforcer la croyance positive qui va remplacer la pensée négative. L’objectif est que le patient soit capable de croire pleinement que la pensée est vraie (indiqué par une note de 7 sur l’échelle VOC).

Par exemple, le thérapeute et le patient (appelons-le Jesse) décident de travailler sur un souvenir que le patient a d’une agression. Lorsqu’ils y pensent, Jesse se souvient d’un sentiment d’impuissance et de la vue de l’agresseur venant vers eux. Au cours des séances, le thérapeute guide Jesse à travers une série de mouvements oculaires lorsqu’il se souvient de l’agresseur. Ils travaillent ensemble pour renforcer la conviction que Jesse n’est plus impuissant et qu’il est assez fort pour se défendre.

Phase 6 : Balayage corporel

Le patient revisite le souvenir pour voir s’il déclenche toujours une réponse somatique (corporelle) au stress. S’il ressent toujours des sensations physiques inconfortables, le thérapeute répète la désensibilisation par les mouvements oculaires si nécessaire. Cela peut se faire sur plusieurs séances de thérapie EMDR.

Phase 7 : Fermeture

Le patient commence à tenir un journal des perturbations ou des déclencheurs émotionnels qui peuvent survenir entre les séances. Il met en pratique les techniques d’auto-calme apprises lors de la phase 2 et s’efforce de maîtriser sa réaction aux déclencheurs émotionnels. Le thérapeute organise souvent un rendez-vous de suivi pour voir si le patient se sent à l’aise pour gérer lui-même ses sensations corporelles et ses émotions entre les séances.

Phase 8 : Réévaluation

Le thérapeute EMDR et le patient évaluent les progrès accomplis jusqu’à présent. S’ils travaillent sur plusieurs traumatismes, ils peuvent choisir un nouveau traumatisme cible et recommencer le processus.

Quelle est l’efficacité de la thérapie EMDR ?

L’EMDR est une thérapie efficace et non invasive pour les traumatismes et les troubles de l’humeur. Elle s’est avérée aussi efficace que la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) et au moins aussi efficace que les médicaments, sans les effets secondaires potentiels de ces derniers.

Cependant, certains professionnels du domaine trouvent la thérapie EMDR problématique, et beaucoup doutent de son efficacité. Une partie de leur inquiétude vient du fait que les études menées sur l’EMDR portent souvent sur de petits groupes et que, d’une certaine manière, cela semble trop beau pour être vrai. Après tout, la thérapie traditionnelle par la parole prend du temps, alors que l’EMDR peut commencer à donner des résultats en trois séances seulement. Il existe également des mises en garde importantes pour toute personne qui envisage l’EMDR comme un traitement pour sa santé mentale.

Si vous pensez que la thérapie EMDR pourrait vous convenir, adressez-vous à un professionnel cliniquement formé et spécialisé dans l’EMDR. N’essayez pas de suivre ce type de thérapie tout seul. Revivre vos traumatismes peut être un déclencheur et un travail difficile.

Les conseils d’un professionnel qualifié sont importants. Si vous prenez des médicaments, n’arrêtez pas de les prendre sans consulter un médecin.

L’essentiel

La thérapie EMDR est un complément (ou une alternative) efficace aux traitements traditionnels de la dépression, de l’anxiété, du SSPT et d’autres traumatismes. Si vous avez essayé d’autres traitements ou si vous hésitez à prendre des médicaments, il vaut la peine d’examiner ce qu’est la thérapie EMDR et si elle peut être un traitement efficace pour vous.

Soyez indulgent envers vous-même lorsque vous vous efforcez d’aller de l’avant après ces expériences douloureuses. Et n’oubliez pas que c’est vous qui contrôlez la vitesse ou la lenteur de votre progression. Parlez-en à votre thérapeute ou à un coach si vous avez besoin de soutien.

Avatar photo

Patrick Dubuisson

Je suis un professionnel du recrutement, qui partage sa vie entre sa famille, son boulot, et surtout son boulot.  J'ai 42 ans, toutes mes dents, un labrador, un pavillon de banlieue dans les Yvelines, une femme, deux enfants, un break et je passe des vacances au Touquet tous les ans, quand je ne vais pas chasser l'ours au bord du lac Baïkal ou boire de la vodka avec Nicolas. J'aime la course à pied, le squash, le tennis, le mikado, la vodka et la roulette.

Voir les publications de l'auteur