Leadership & Management

8 stratégies fondées sur la recherche pour que le stress joue en votre faveur

Par Patrick Dubuisson , le mardi, 25 octobre 2022, 19h35 — Stratégies - 11 minutes de lecture
8 stratégies fondées sur la recherche pour que le stress joue en votre faveur

Sarah Greenberg est une coach principale chez RecrutementPro. Coach diplômée de Harvard et psychothérapeute agréée, elle a travaillé avec des dirigeants d’organisations de premier plan, des secouristes en situation de crise et même des adolescents qui, malgré les obstacles, ont pu terminer leurs études en Afrique rurale. Elle a été témoin de la plus extraordinaire résilience humaine dans les circonstances les plus extrêmes.
Il y a une différence majeure entre le stress et l’accablement. Le stress peut motiver. Il peut nous aider à rassembler la force et l’énergie nécessaires pour relever des défis importants. Il nous donne l’impulsion dont nous avons besoin pour conquérir un projet ou réussir un entretien. Contrairement aux idées reçues, le stress peut être bénéfique.
Le surmenage, en revanche, peut nous bloquer dans notre élan. On peut avoir l’impression d’avoir un pied fermement planté sur l’accélérateur et l’autre sur le frein. Le surmenage est l’ennemi de la fluidité, de la créativité et de la productivité. Elle met les relations à rude épreuve et peut nuire à votre capacité à diriger efficacement.
Le succès implique généralement de se dépasser et de naviguer sur un terrain inconnu et difficile.
Mais quelle personne performante n’a jamais été accablée ? Le succès implique généralement de se dépasser et de naviguer sur un terrain inconnu et difficile. « Prévenir l’accablement et s’épanouir dans le chaos sont malheureusement deux sujets que la plupart d’entre nous n’ont pas appris au cours de notre éducation. Et c’est bien dommage, car le stress est un élément inévitable de la vie et impossible à éviter (sans conséquence). Combien de temps, d’énergie et de bien-être général sont sacrifiés parce que l’on ne dispose pas des compétences nécessaires pour gérer habilement les situations stressantes ?
Bien qu’il ne soit pas possible d’éliminer complètement le stress de nos vies, il existe des tactiques pratiques, réalisables et fondées sur la recherche pour  » devenir bon face au stress  » et prévenir l’accablement.
L’accablement est l’ennemi de la fluidité, de la créativité et de la productivité.

« Devenir bon face au stress et combattre l’accablement sur le lieu de travail

Le calme est une compétence, pas un état permanent. Bien que personne ne puisse prédire ce que la vie nous réserve et que vous ne souhaitiez pas non plus éviter les occasions qui repoussent vos limites, ces stratégies vous permettront de mieux naviguer dans les tempêtes et de rester centré dans des situations qui vous ont semblé chaotiques.
L’une des raisons pour lesquelles nous pouvons ressentir le stress ou l’accablement de manière particulièrement aiguë sur le lieu de travail est que, au travail, notre réussite peut être liée à notre sentiment général de survie et d’identité. Sans compter que le travail peut être carrément chaotique et intense.
Si nous admettons que le langage est une fenêtre sur l’esprit, nous devons prendre note des métaphores si régulièrement utilisées au travail. Il est courant d’entendre des coéquipiers décrire le sentiment d' »être sous l’eau », d' »éteindre des incendies », de « se sentir pris au piège » et même de « crouler sous les courriels ». C’est le langage de la crise.
Le calme est une compétence, pas un état permanent.
Il n’est pas étonnant que, d’après son enquête de 2017 sur le stress en France, l’American Psychological Association ait constaté que 58 % des Françaiss considèrent le travail comme une source importante de stress dans leur vie. Et de plus, des études montrent qu’environ la moitié des absences au travail sont dues à des troubles du stress liés au travail.

8 stratégies pour apprendre à surfer sur les inévitables vagues de la vie

8 stratégies fondées sur la recherche pour mettre le stress à votre service – RecrutementPro
Bien qu’il ne soit pas possible de modifier radicalement l’intensité ou le rythme du lieu de travail moderne à court terme, l’apprentissage de nouvelles compétences et stratégies pour gérer le stress existant, prévenir l’accablement ou promouvoir votre sentiment d’épanouissement au milieu du chaos est à portée de main. Comme le dit Jon Kabat-Zinn, « On ne peut pas arrêter les vagues, mais on peut apprendre à surfer ».

Prenez votre température

Selon l’auteur et psychologue Daniel Goleman, tous les leaders efficaces ont un trait en commun : l’intelligence émotionnelle. Une composante essentielle de l’intelligence émotionnelle est la conscience de soi. La conscience de soi consiste à suivre et à surveiller ce que nous ressentons, afin de pouvoir répondre, plutôt que de réagir, aux défis.
Mais comment développer cette compétence ? Un bon point de départ consiste à se demander plusieurs fois par jour : « Comment je vais ? ». Lorsqu’ils apprennent aux enfants à s’exercer à « s’accorder », les psychologues pour enfants leur donnent souvent l’image d’un thermomètre. La partie inférieure, le niveau 1, est froide et calme. La partie rouge, le niveau 10, est chaude, stressée et probablement dépassée. Au-delà de l’intelligence émotionnelle et de la pleine conscience, le suivi de notre température émotionnelle offre la possibilité de « gérer » notre expérience interne avant d’atteindre la zone rouge, plutôt que de laisser inconsciemment nos sentiments nous gérer.

Gérez votre énergie

Nous avons tous les mêmes 24 heures dans une journée, mais la façon dont nous dépensons ce temps dépend largement de l’une de nos ressources personnelles les plus précieuses : notre énergie. La gestion de l’énergie consiste à équilibrer ce qui vous épuise et ce qui vous stimule, de sorte qu’à la fin de chaque journée, semaine ou année, vous vous retrouvez avec un excédent, ou un équilibre, et non un déficit. Une façon d’examiner et d’affiner vos habitudes est de procéder à un audit énergétique.
Au cours des trois prochains jours, notez toutes vos tâches au travail et ailleurs, et notez si chacune d’elles vous épuise ou vous remplit. Incluez à la fois les activités intentionnelles et les distractions involontaires (par exemple, la procrastination ou le fait de se laisser prendre par les e-mails). Après trois jours, examinez votre bilan. Y a-t-il des changements que vous pouvez faire pour faire moins de ce qui vous épuise ou plus de ce qui vous anime ? Tout surplus que vous accumulez au fil du temps sera un atout essentiel lorsque vous rencontrerez des difficultés.

Protégez votre temps

Souvent, la conclusion la plus claire d’un audit énergétique est la nécessité de protéger votre temps pour atteindre vos objectifs. Dans un monde où les interruptions sont nombreuses, bloquer du temps sur votre agenda pour vous concentrer sur une seule tâche importante peut changer la donne. Commencez par des blocs d’une ou deux heures où vous vous engagez à désactiver toutes les notifications, et ayez à l’esprit un objectif clair, réalisable et important pour ce que vous souhaitez accomplir. En tant que leader, encouragez votre équipe à se réserver également des « blocs de concentration » dans leurs calendriers.

Micro-charge

Le travailleur américain moyen prend environ la moitié de ses congés payés, laissant le reste sur la table. Bien que la science et moi-même vous encouragions à prendre ces vacances, il est également utile d’examiner votre routine habituelle et de chercher à équilibrer votre énergie par des micro-actions tout au long de la journée. Dans son récent ouvrage intitulé Micro-Résilience, Bonnie St John explique que les techniques les plus simples, comme sentir les épices des fêtes et boire de l’eau, peuvent grandement contribuer à gérer le stress et à optimiser votre productivité, heure par heure.
La technique du « reversi », par exemple, peut être réalisée en moins de deux minutes. Pour commencer, écrivez une limitation ou un obstacle que vous rencontrez actuellement sur un côté d’une carte de notes. Retournez ensuite la carte et écrivez le contraire de ce que vous avez écrit au recto. Le fait de s’engager un instant dans la pensée opposée permet d’entrevoir de nouvelles possibilités.

Cultiver un but

Le but est le sentiment que votre travail a un sens et contribue à une mission qui vous dépasse. Il n’est pas surprenant qu’il soit lié au bien-être général et à la satisfaction de la vie. C’est également l’une des quatre caractéristiques que la chercheuse et professeure Angela Duckworth observe chez les personnes qui ont un niveau élevé de courage.
Pour affiner votre sens de l’objectif, demandez-vous ce qui vous motive dans votre travail. Lorsque votre sens de l’objectif est élevé, mettez-le par écrit. Votre « déclaration d’intention » peut être un atout et une inspiration face à un défi. Vous ne vous sentez pas motivé ? Concentrez-vous sur les personnes sur lesquelles votre travail a un impact positif, qu’il soit grand ou petit. Remarquez s’il y a de petits changements que vous pouvez faire pour amplifier votre impact positif. Cela peut être aussi simple que de vous engager à traiter vos collègues ou vos clients avec gentillesse, ou même de faire du bénévolat pour une cause à laquelle vous croyez en dehors du travail.

Ne faites pas du stress votre ennemi

Contrairement à l’opinion souvent répandue selon laquelle tout stress est « toxique », les recherches de Kelly McGonigal, psychologue à Stanford, démontrent le « bon côté du stress ». Oui, le stress laisse des traces, mais son impact peut être positif à long terme. La différence entre ceux qui s’épanouissent face au stress et ceux qui échouent peut être attribuée au fait que vous considérez ou non le stress comme un élément nuisible ou inévitable de la vie.
Une façon de recadrer votre relation avec le stress est de noter les deux ou trois expériences les plus difficiles de votre vie. Choisissez celles qui ont été difficiles, mais dont vous pouvez dire que vous avez déjà réussi à les surmonter. Ensuite, notez les cadeaux qui découlent de chaque défi, comme de nouvelles compétences, des liens personnels plus forts ou une plus grande résilience. Ce qui vous reste est un rappel significatif que ce qui ne nous tue pas peut en effet nous rendre plus forts.

Restez connecté

Il y a un hic dans les recherches de Kelly McGonigal. L’impact neutre ou positif du stress ne s’applique que lorsque vous avez des liens sociaux forts. Nous sommes nombreux à avoir tendance à nous isoler de nos relations sociales lorsque nous sommes débordés ou occupés. Mais il est important de se rappeler que les relations sociales nous protègent littéralement des effets néfastes du stress. Cela est particulièrement vrai lorsque les liens sociaux nous amènent à aider les autres.

En tant que leader, faites-le pour votre équipe

Dans l’esprit de la promotion d’un but au-delà de vous-même, il est utile de souligner que cultiver votre capacité à rester centré au milieu du chaos n’est pas seulement bénéfique pour vous en tant qu’individu, mais a des effets d’entraînement positifs sur votre équipe et tous ceux qui vous sont proches. Cela s’explique par ce que les chercheurs appellent la « contagion émotionnelle ». Votre capacité à cultiver un sentiment de calme et de centrage profite à ceux qui vous entourent, en particulier lorsque les autres attendent de vous un leadership. Une excellente analogie est l’expérience des turbulences dans un avion. Imaginez ce que l’on ressent lorsque le pilote est visiblement nerveux plutôt que calme et froid, et comment cela affecte votre état d’esprit.
Étant donné que le fait d’être « centré » n’est pas une caractéristique permanente, mais plutôt un état activement cultivé, il peut être nécessaire de travailler dur et de s’entraîner pour affiner les compétences requises pour rester centré face au chaos et aux défis. Avoir une raison au-delà de soi peut être la motivation supplémentaire nécessaire pour que l’effort en vaille la peine.

Dessin original de Theo Payne.

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Patrick Dubuisson

Je suis un professionnel du recrutement, qui partage sa vie entre sa famille, son boulot, et surtout son boulot.  J'ai 42 ans, toutes mes dents, un labrador, un pavillon de banlieue dans les Yvelines, une femme, deux enfants, un break et je passe des vacances au Touquet tous les ans, quand je ne vais pas chasser l'ours au bord du lac Baïkal ou boire de la vodka avec Nicolas. J'aime la course à pied, le squash, le tennis, le mikado, la vodka et la roulette.

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